CORRIGÉ

Le dernier jour d’un condamné, Victor Hugo

À six ans, je n’avais plus ni père ni mère ; l’été, je faisais la roue dans la poussière au bord des routes, pour qu’on me jetât un sou par la portière des chaises de poste ; l’hiver, j’allais pieds nus dans la boue en soufflant dans mes doigts tout rouges ; on voyait mes cuisses à travers mon pantalon. À neuf ans, j’ai commencé à me servir de mes louches, de temps en temps je vidais une fouillouse, je filais une pelure ; à dix ans, j’étais un marlou. Puis j’ai fait des connaissances ; à dix-sept, j’étais un grinche. Je forçais une boutanche, je faussais une tournante. On m’a pris. J’avais l’âge, on m’a envoyé ramer dans la petite marine. Le bagne, c’est dur ; coucher sur une planche, boire de l’eau claire, manger du pain noir, traîner un imbécile de boulet qui ne sert à rien ; des coups de bâton et des coups de soleil. Avec cela on est tondu, et moi qui avais de beaux cheveux châtains !

jetât : du v. jeter, 1er gr., 3ème pers. du p.s. de l’ind. ; termin. = « ât ».

tout rouges : « tout » valeur d’adv. (complétement) ; « rouges » adj. coul. accord avec « doigts »

louches : n.f. ici au plur. ; arg. = mains.

je vidais une fouillouse : de l’arg. = je « faisais » une poche.

je filais une pelure : de l’arg. = je volais un manteau.

marlou : n.m. de l’arg. ;  filou.

grinche : n.m. de l’arg. ;  voleur.

Je forçais une boutanche : de l’arg. = Je forçais une boutique.

je faussais une tournante : de l’arg. = je faussais une clef. 

petite marine : les galères autrefois.

coucher , boire, manger, traîner : v. d’actions tous à l’inf. comme boire.

boulet : n.m. ; lourde charge en forme de boule attachée par une longue chaîne au pied des forçats pour les empêcher de s’enfuir.

avais : du v. avoir ; sujet « moi » (équiv. à « je ») ; 1ère pers. de l’imp. de l’indicatif.

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